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Le tutorat infirmier en psychiatrie

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Le tutorat infirmier en psychiatrie

Le plan psychiatrie et santé mentale a identifié comme une priorité le renforcement de la formation initiale des infirmiers exerçant en psychiatrie. Le volet formation continue du PPSM insiste sur la mise en place d’un dispositif global et cohérent visant une meilleure adaptation des nouveaux infirmiers exerçant en psychiatrie. Au-delà de la mise en œuvre de la formation "Consolidation et intégration des savoirs et des pratiques en soins pour l’exercice infirmier en psychiatrie", initiée en 2004, le PPSM prévoit l’instauration d’un tutorat permettant au personnel infirmier qui exerce pour la première fois en psychiatrie de bénéficier d’un encadrement de proximité par des pairs expérimentés. Cette démarche s’inscrit dans un continuum entre le contenu des formations et la pratique professionnelle. La formation des tuteurs et le temps consacré au tutorat par les établissements sont compensés par un financement spécial.

Le volet "formation continue" des infirmiers exerçant en psychiatrie s’appuie donc sur deux mesures complémentaires : la consolidation des savoirs, déjà initiée en 2004, et le tutorat de proximité, mesure nouvelle instaurée par le plan. Pour être efficaces elles doivent être mises en œuvre localement et prises en compte dans le plan de formation continue de l’établissement.

Outre la cohérence de la mise en œuvre des différentes actions menées dans le domaine de la formation, l’enjeu principal du dispositif prévu par le PPSM réside dans la garantie de la qualité des contenus délivrés en tenant compte des objectifs de santé publique, de l’évolution des techniques, des pratiques et de l’organisation des soins.

Les objectifs du renforcement de la formation continue des nouveaux infirmiers exerçant en psychiatrie sont :
- d’adapter les compétences en santé mentale sur la base d’une transmission intergénérationnelle des savoirs et des pratiques ;
- d’améliorer l’accueil des nouveaux infirmiers et leur adaptation à la spécificité de l’exercice en psychiatrie ;
- de renforcer l’attractivité de l’exercice infirmier en psychiatrie et de fidéliser les professionnels.

La déclinaison de ces mesures implique leur appropriation par l’établissement mais aussi par tous ceux qui participent à l’accueil des nouveaux infirmiers, en tenant compte du caractère pluriprofessionnel des soins dispensés en psychiatrie.

Par ailleurs, la qualité des savoirs transmis dans le cadre du tutorat réside fortement dans le profil des tuteurs. Ce sont des professionnels expérimentés, infirmiers ou cadre de santé, formés au tutorat, qui justifient de connaissances cliniques sur les savoir-faire en psychiatrie. Ils ont des capacités pédagogiques et sont en mesure d’avoir du recul dans l’analyse des situations cliniques rencontrées.

Le "tutorat infirmier" constitue le socle d’une transmission des savoirs au-delà duquel les services de psychiatrie devraient s’engager. Les objectifs visés par les autorités de tutelle, et les moyens dont elles ont pourvu les établissements de santé pour y parvenir, doivent permettre de développer une véritable culture des soins infirmiers en psychiatrie. L’ambition doit être de faire du "tutorat infirmier" le point de départ d’une formalisation écrite des savoirs, construite sur la richesse de ceux qui prodiguent des soins en psychiatrie.

L’image souvent négative de la psychiatrie et de son histoire ont trop longtemps confiné les soignants, comme les malades, derrière les murs des hôpitaux psychiatriques. Cependant, même dans l’ombre, la réflexion sur les techniques de soins a toujours accompagné le travail des soignants dans leur souci du respect des valeurs humaines. Aujourd’hui, l’effort demandé aux infirmiers est de transmettre par l’écrit ce que les anciens leur avaient appris par la tradition orale.

Au moment où une génération d’infirmiers s’apprête à quitter les hôpitaux, les pouvoirs publics ont pris conscience du désert qui risquait de se créer dans les services de psychiatrie. Avec le "tutorat infirmier", les soignants ont la possibilité de pouvoir donner corps aux savoirs appris et acquis.

La philosophie du "tutorat infirmier" est d’initier une dynamique qui aille au-delà de la relation tuteur/tutoré. Les savoirs ont pour vocation d’être mutualisés. Leurs horizons doivent s’ouvrir en direction de tous ceux qui pensent que les soins infirmiers en psychiatrie ont une valeur qui mérite d’être connue, portée et diffusée.

L’"espace tutoral" est la base autour de laquelle doivent se greffer d’autres espaces de réflexion. La pénétration du "tutorat infirmier" doit donc être la plus large possible. La vocation du tutorat n’est pas d’être une alchimie qui limiterait les tutorés à être coacher dans leurs questionnements, leurs doutes et leur étonnement face aux situations complexes qu’il ne sont pas encore parvenu à maîtriser. L’"espace tutoral" est un espace ouvert à ceux qui ont pris conscience que leur expérience et leurs connaissances peuvent servir à d’autres en les enrichissant.

C’est pour celà que la diffusion du "tutorat infirmier" doit pénétrer au cœur des équipes soignantes. Chacun est en charge d’en diffuser le contenu, l’esprit, et d’inviter tous ceux qui le souhaitent à rejoindre ce mouvement en y apportant des propositions. Chacun doit prendre conscience que, même si les échanges entre les tutorés et les tuteurs sont des instants privilégiés, le "tutorat infirmier" ne doit pas être compris comme la perfusion de laquelle s’écoulerait un savoir tout constitué. Le "tutorat infirmier" est une réflexion face aux situations mal appréhendées par les nouveaux infirmiers mais dont les réponses se trouvent dans l’expérience de tous ceux qui travaillent dans les unités cliniques. Chacun est dépositaire d’une parcelle de savoir dont la valeur doit être exprimée.

Le développement du "tutorat infirmier" ne doit pas non plus le limiter à un simple comptage du nombre de tuteurs qui auront été formés. L’intérêt qu’il suscite se mesurera à l’implication que chacun y trouvera pour transmettre ce qu’il sait, ce qu’il a appris et ce qu’il a compris d’expériences cliniques complexes.

Aujourd'hui, l'infirmier en psychiatrie se doit de pouvoir répondre à toutes les demandes, de l'addiction à la dépression en passant par l'anorexie ou tout autre trouble mental. Depuis quelques années, le tutorat peut conduire à une filière spécialisée dans la tabacologie et les nouvelles façons d'arrêter concrètement et définitivement de fumer. 

Le "tutorat infirmier" doit donc être une dynamique visible et accessible. Il doit constituer pour chaque soignant un outil aussi important que le projet de service ou le projet de l’unité clinique dans laquelle il travaille. Au même titre que le plan de formation, c’est un outil qui invite à la création et à l’enrichissement formalisé des savoirs.

Comme le prévoit les textes, le "tutorat infirmier" est un dispositif pérenne. Très régulièrement il doit être fait appel à de nouveaux tuteurs pour remplacer ceux qui partent et proposer aux nouveaux infirmiers une offre toujours plus étoffée.

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