Mieux soigner les maladies mentales

Actuellement, en France, les politiques souhaitent se saisir des enjeux de la santé mentale et aspirent à placer celle-ci au cœur de leurs préoccupations. C’est à ce titre que les pouvoirs publics ont pris des initiatives en termes de formation, d’éducation, de recherche, de soins, d’accompagnement et de création d’établissements suivis des moyens financiers pour accompagner le Plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008. C’est dans ce cadre que Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, a ouvert le 13 septembre 2007, à la Maison de la chimie à Paris(75), les 2èmes Rencontres parlementaires sur la santé mentale sur le thème : "Mieux soigner les maladies mentales, un enjeu pour les patients, un défi pour la santé et la recherche".

Psychiatrie, justice et politique

Jean-Marie le Guen, député de Paris, souligne pour autant une absence de politique de santé publique dans le domaine de la santé mentale, ainsi qu’un défaut de campagne de communication sur les maladies mentales, dont l’OMS avait pourtant fait de la lutte contre leur "stigmatisation" l’un de ses axes prioritaires. Il faudrait désormais passer de l’intention aux actes, le malade mental restant une personne victime de préjugés, susceptible d’être pour le grand public imprévisible, dangereuse, donc enfermée. Le reflet en trompe l’œil des pathologies psychiatriques est exacerbé par l’actualité, la surmédiatisation et par une politique pénale répressive toujours aussi inventive. L’intensité des affrontements sur les liens entre la psychiatrie, la justice et la politique en font oublier le problème initial de la pathologie psychiatrique et la façon de soigner au mieux les troubles mentaux dans notre société néo-libérale.

Psychiatrie et souffrance psychosociale

Le champ de la santé mentale recouvre désormais une dimension individuelle et sociétale. Les comportements sociopathes, la délinquance, les troubles du comportement, la dépression, le suicide, les nouvelles maladies comme les addictions, le stress au travail ou l’hyperactivité interrogent les politiques. Il est évident que l’on retrouve à l’hôpital des problématiques qui suivent l’évolution de la société et des pathologies en relation avec la culture actuelle. La banalisation de la "sphère psy" dans l’espace public sous entend que la psychiatrie devrait aussi répondre à tous les maux de la société en dépistant, en diagnostiquant et en traitant toute la souffrance psychosociale et ce jusqu’à la violence. Actuellement la psychiatrie publique n’a pas les moyens de répondre à l’inflation de ses missions dans un contexte de politique budgétaire, de réorganisation des soins et d’une démographie de psychiatres qui aura diminué de 40% d’ici à 2020.

Construire des ponts entre les lieux de soins

Mais c’est aussi aux professionnels de la médecine de relever le défi. La psychiatrie doit interroger son organisation entre des lieux de haute technicité, comme l’hôpital, et leur articulation avec les cliniques privées, les structures de convalescence des champs sociaux et médico-sociaux, et de développer les connections entre la recherche clinique et fondamentale. La psychiatrie va devoir s’adapter à l’évolution de la société et trouver des réponses efficaces avant qu’on ne lui impose une logique arbitraire.

La santé mentale, un champ complexe et multidisciplinaire

La tendance Nord-américaine d’une approche biologique de la santé mentale pose la question de l’inné et de l’acquis avec le développement des neurosciences et de la génétique. Ces recherches, tout à fait louables, renforcent pourtant la stigmatisation des malades. D’autre part, bien qu’elle lui soit nécessaire, l’industrie pharmaceutique exerce une certaine pression sur le monde médical en influant sur les thérapies médicamenteuses proposées aux patients. Il serait préférable de travailler de concert pour développer des thérapies qui fonctionnent selon la spécificité des maladies plutôt que de considérer la maladie mentale sous un seul angle : tout biologique, tout neurologique, ou tout psychique avec une forte tradition psychanalytique. Il n’y a pas d’Immaculée Conception" d’une théorie. La trop forte croyance en l’une d’elle et dans sa réussite aurait des effets ravageurs. Par ailleurs, les pathologies mentales ne sont pas des maladies ordinaires, elles se métamorphosent avec la société.

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