Schizo & Génétique

L’analyse fine du génome des personnes souffrant de schizophrénie permet de mettre en évidence une fréquence élevée de mutations génétiques rares, capables de perturber le développement du système nerveux central. Ces mutations semblent concerner une vingtaine de gènes. En comparant les résultats du séquençage des génomes de 150 personnes schizophrènes et de 268 personnes ne souffrant pas de cette affection, l’équipe de Tom Walsh, de l’université de Washington, à Seattle, et celle de l’Institut national de la santé mentale (Maryland) et du Cold Spring Harbor Laboratory (New York) ont découvert que de multiples duplications ou pertes de courtes séquences d’ADN étaient trois fois plus fréquentes dans les génomes des malades schizophrènes que dans ceux des personnes saines. Cette proportion est quatre fois plus élevée chez les personnes ayant présenté les premiers symptômes avant l’âge de 18 ans.

Ces travaux viennent confirmer que la schizophrénie, comme d’autres maladies, est une affection à hérédité complexe qui mêle des facteurs génétiques à des facteurs environnementaux. Ils ouvrent les perspectives d’une recherche thérapeutique renouvelée, basées sur des traitements médicamenteux ciblant mieux les causes organiques de cette maladie et, surtout, sur une approche soignante diversifiée loin des partis pris dogmatiques.

Mais l’intérêt de ces recherches réside aussi dans l’espoir que la société puisse un jour changer le regard qu’elle porte sur les malades mentaux. La reconnaissance d’une cause organique aux comportements parfois tumultueux des malades pourrait les aider à accéder plus rapidement à un statut de handicapé psychique. L’expression de la maladie mentale n’est jamais celle d’une originalité recherchée. Elle est un véritable handicap qui détermine toute l’existence de ceux qui en sont atteints.

http://www.sciencemag.org/index.dtl
Editorial du N°256 de la revue "Soins Psychiatrie".

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